Les habitants du coin ont organisé le Petit Débat Local le 28 Février 2019

Compte Rendu Du Petit Débat Local – Salle des fêtes de Fontenouilles – 28 Février 2019

Organisé dans le cadre du Grand Débat National, ce Petit Débat Local s’est orienté sur des thématiques pratiques et locales plutôt que les questions d’ordre national ou international. Mission accomplie pour ces 70 habitants de la commune de Charny Orée de Puisaye, qui ont marqué ainsi leur intérêt à prendre part à la vie locale.

Après une prise de contact originale, les participants ont été guidés à travers un processus ludique, initié par la question: « Fait-il bon vivre à Charny et dans nos villages ? »

Se dégage une opinion très majoritairement positive, appuyée sur les principaux points suivants:

  • comparativement à d’autres bourgs, les commerces restent relativement vivaces, le marché apprécié, mais se concentrent sur Charny et ses zones d’activité, au détriment des villages,
  • des activités sociales et culturelles s’intensifient ces dernières années, même si elles manquent parfois de visibilité: la Fabuloserie, la Bibliothèque, Enfance et Loisirs (enfants/adultes ),
  • la qualité et diversité de la vie sportive ( à travers USCOP),
  • la vitalité associative ( Mélimélo , Cap Saint Martin, Café Associatif de Villeneuve les Gênets avec son marché des producteurs, le marché des producteurs de Sommecaise, le PARC, Repar café) mais un manque de lieux associatifs qui favorisent les connexions inter-associatives et un soutien budgétaire perçu comme trop limité.
  • la qualité des paysages, bien que la disparition des haies et le manque de respect de l’architecture traditionnelle les impacte de plus en plus,
  • la qualité relationnelle et la facilité de contacts, bien qu’elle soit grevée par un clivage entre les natifs et les « néo- »,
  • une offre assez fournie de producteurs locaux, bien qu’elle soit peu lisible et insuffisamment accessible,
  • enfin, et bien sûr, la beauté de la nature, la tranquillité, en contraste avec l’agitation urbaine, la possibilité de faire son jardin et son potager.

En revanche, les points qui limitent le « bien-vivre » sur cette grande commune sont bien identifiés:

  • un fort problème d’accès aux soins de santé,
  • une baisse de disponibilité physique des services publics,
  • un problème de distance aux commerces et services publics, problème de transport pour ceux qui ne disposent pas de véhicules personnels,
  • une offre d’emploi qui reste limitée, et des emplois peu rémunérés,
  • des craintes liées aux risques environnementaux sur la santé, notamment la qualité de l’eau, la qualité de l’air, en liaison avec l’utilisation des pesticides et autres intrants chimiques dans les champs qui entourent les habitations,
  • le sentiment d’insécurité des promeneurs les week-end de chasse,
  • un déficit d’image et d’attractivité du territoire.

Le manque de liens et de communication entre les habitants et les élus et le sentiment que la démocratie ne joue pas pleinement son rôle; ce manque se traduit plus particulièrement sur des sujets tels que la qualité de l’eau, la gestion des déchets, et la manière dont la mairie gère des problèmes essentiels comme l’accès Internet (tout en soulignant le côté positif de l’offre de Scani) et la téléphonie mobile, la question de l’accessibilité des soins, etc…

Sur ces bases, complétée par des sujets recueillis au tableau noir sur la place du marché et lors du Grand Débat du 22, une douzaine de thèmes ont été retenus. Six d’entre eux ont été choisis pour travailler en petits groupes :

  1. L’accès local aux soins, et plus généralement l’accessibilité des services publics,
  2. La qualité de l’eau et le manque d’information sur les pesticides,
  3. Le lien/partage/ enrichissement intergénérationnel,
  4. Le transport village-bourg et avec la gare de Joigny, en commun ou covoiturage,
  5. La disponibilité des commerce en village et en itinérance,
  6. La démocratie locale, communication et information.

D’autres thèmes, sans nier leur importance, n’ont pas fait l’objet d’un approfondissement: accès à l’emploi et salaires bas, manque de lieux associatifs, coût de la vie, fermetures d’école, accès Internet et téléphonie mobile.

Remarque a été faite en fin de réunion que les sujets liés à la transition écologique étaient peu cités, hormis ceux impactant potentiellement directement la santé (eau, pesticides). Les enjeux à plus long terme, sur lesquels le territoire est fortement engagé à travers le TEPOS (économies d’énergie, ENR, biodiversité, mobilité douce) n’ont pas été sélectionnés comme sujets de préoccupation principaux, peut-être avec le sentiment que la capacité d’action locale y est trop limitée.

Sur chacun des sujets choisis, un court processus de travail a permis de passer des constats aux propositions concrètes:

1. L’accès aux soins et plus généralement l’accessibilité des services publics:

Au-delà de tout ce qui est entrepris aujourd’hui par la mairie et le département pour surmonter le blocage lié à la situation actuelle, peut-on trouver des voies pour limiter le besoin de recours aux médecins, peut-être par plus de responsabilisation sur sa propre santé, peut-être par plus de recours aux pharmacies et aux infirmières? Enfin, vu que les pôles médicaux spécialisés sont à Auxerre, Joigny, Sens où même Montargis, Dijon, Paris, peut-être faut-il organiser collectivement le transport et les plannings des visites, notamment pour ceux qui sont moins mobiles.

Autres pistes possibles évoquées dans l’attente de l’installation d’un médecin généraliste:

  • faire venir des médecins certains jours,
  • favoriser l’installation de praticiens en médecine alternative,
  • éduquer à la santé via des associations (dans les écoles par exemple),
  • faire savoir que certaines mutuelles proposent des consultations par téléphone,
  • faire savoir aussi que les opticiens peuvent faire des lunettes sur ordonnance d’un généraliste (en attendant d’avoir un rendez-vous chez un ophtalmologiste),
  • mettre en place un panneau d’affichage public pour organiser les déplacements aux consultations,
  • prendre des rendez-vous groupés pour optimiser les déplacements,

2. La qualité de l’eau et la question de la limitation des intrants chimiques

Le groupe a d’abord souligné le besoin de communication: avoir facilement des informations fiables sur la qualité de l’eau, son évolution et les actions qui sont menées pour la maîtriser.

De même, afin de réduire les craintes que génère l’emploi de produits chimiques agricoles, agriculteurs bios, conventionnels et simples habitants s’accordent sur l’importance de plus de transparence sur l’impact des produits insecticides, herbicides, fongicides, les périodes pendant lesquelles ils sont utilisés, ainsi que de leur fréquence d’emploi.

Selon les agriculteurs conventionnels présents, les pratiques ont beaucoup évolué et prennent de plus en plus en compte le caractère vivant de la terre, la manière dont les produits pénètrent les écosystèmes, et leur déplacement par la voie de l’eau et de l’air. Ils cherchent donc à utiliser les plus faibles dosages possibles. D’ailleurs, des précautions particulières ont été prises autour des zones de captage d’eau pour éviter les pollutions. En revanche les agriculteurs bios prônent un changement de pratiques en profondeur pour éviter tout risque d’effet-cocktail des multitudes substances chimiques présentes sur le marché.

Pour atteindre de bons rendements, tout en garantissant des produits sains et une eau de bonne qualité, les agriculteurs se doivent de continuer leur travail de recherche et d’information, ce qui permettra aussi de rompre les barrières qui séparent les consommateurs des producteurs. Grâce à ces efforts prometteurs, le monde agricole de Charny-Orée-De-Puisaye devrait ressembler de plus en plus à l’exemple de Saints-En-Puisaye, pionnier dans la région en ce qui concerne l’évolution des pratiques vers une agriculture biologique.

3. Les liens/ partage/ enrichissement intergénérationnel

L’existence du centre de loisir à Prunoy a été soulignée comme un point extrêmement positif. Nous pouvons le soutenir en y allant, en diffusant leurs informations, en s’y inscrivant, en y proposant des activités, en participant à leurs évènements …

Une remarque a été souligné que les jeunes générations, souvent en démarrage de vie professionnelle, et avec de jeunes enfants disposent de très peu de temps pour le lien social, comparativement aux plus anciens, et surtout aux seniors.

L’idée d’un potager partagé entre Epad et college devrait être encouragée. Beaucoup de veuves abandonnent leur potager, laissant un terrain, des outils et des connaissances en friche. N’y aurait-il pas une opportunité de coopération intergénérationnelle intéressante: les mettre en relation avec des personnes qui chercheraient soit à apprendre à cultiver, soit à cultiver sur un terrain?

Nous pourrions ouvrir un espace d’échange de savoirs-faire, comme fixer un rendez-vous tous les dimanche après-midi dans la salle des fêtes. Par exemple, les anciens pourraient apporter des connaissances historiques, des savoir-faire manuels; tandis que les jeunes pourraient apporter des connaissances informatiques et des savoirs-faire modernes

4. La mobilité village-bourg et avec la gare de Joigny et la zone de covoiturage de Sepault

Bien évidemment, il faudrait une navette, peut-être couplée avec l’approvisionnement local en produits de première nécessité ou l’acheminement de colis.
Mais aussi simplement organiser le covoiturage à partir de points de regroupement en centre village, simplement avec des panneaux d’affichage bien gérés, peut-être doublés d’un service internet d’autopartage local.

5. La disponibilité des commerce en village et en itinérance

En complément d’une éventuelle boutique de producteur dans le bourg, l’idée à émergé d’un mini marché de producteurs locaux itinérant, 1/2 journée par village, une fois par semaine ou quinzaine, qui fonctionnerait sur abonnement mensuel de 50€ déductible du montant acheté (dans un but de fidélisation et d’amortissement des frais fixes).

6. La démocratie locale, communication et information

Ni le maire de la CCOP, encore moins le Président de la ComCom, ne sont élus directement, ce qui limite à l’évidence leur légitimité aux yeux des habitants.
Les élus communiquent insuffisamment avec les habitants. Certes, ils sont eux-même pris dans un jeu de contraintes et dans un millefeuille administrativo-politique qui leur donne le sentiment d’avoir une marge de manœuvre trop réduite pour un dialogue consistant avec les citoyens.

Mais beaucoup de participants ont le sentiment qu’un fossé s’est construit. Les outils modernes de communication, site internet, réseau social, ne comblent pas ce manque, d’autant qu’ils sont peu à jour et peu facile d’utilisation.

Parallèlement aux efforts de communication et de rencontre indispensables ( rencontre trimestrielle en village avec les principaux élus), des comités citoyens, non élus mais volontaires, pourraient être créés, sur des sujets précis, sur lesquels l’équipe municipale pourraient saisir ces comités ou dont ils pourraient s’autosaisir.

Une autre proposition suggère que le conseil municipal de Charny Orée de Puisaye pourrait se tenir dans l’un des villages de la commune nouvelle, chaque mois différent, dans la mesure où la plupart de ces villages disposent d’une salle communale opérationnelle et confortable ; cela aurait une valeur symbolique forte et faciliterait les contacts entre les habitants et les élus.

En conclusion, de nombreux retours très positifs des participants. Ils espèrent que leurs paroles soient portées et entendues. Pour une bonne moitié d’entre eux, ils souhaitent rester en contact pour aller plus loin.

L’équipe d’animation du Petit Débat Local: Arnauld – Charny, Cyril – Louesme, Hélène – Saint Martin sur Ouanne, Jean-Pierre – Charny Jeanny – Chêne-arnoult , Thibaut – Chêne-arnoult

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