A  chacun  ses  casseroles   !

                      

Mais qui est donc le malicieux génie qui prend un malin plaisir à créer un lien parfois corrupteur entre nos Présidents chéris de la République et une anecdote ridicule, une phrase assassine, une promesse hors de portée ou un échec cuisant que les chroniqueurs retiendront avec gourmandise pour en faire quelques décennies plus tard la tare originelle du mandat de l’impétrant?

Qui, par exemple, a réussi, et avec quel succès, à convaincre nos compatriotes que le Président Macron était si friand de concerts de casseroles qu’il en écouterait volontiers à toute heure du jour et de la nuit?

Quel médecin facétieux spécialiste des insomnies a bien pu conseiller au président Giscard de chasser la nuit au volant d’une Ferrari en compagnie d’une ravissante actrice, au risque d’être giflé par un laitier peu compréhensif ?

Quelle gracile sirène  possédait des écailles assez brillantes pour que le président Chirac se propose de l’accompagner dans les flots limpides de la Seine avant la fin de son second mandat de maire de Paris en  1994, tandis que frétillait  en coulisses un prétendant à la Présidence  qui se voyait déjà calife à la place du calife, le matin en se rasant ? Le dit candidat frétillant, dûment rasé, déclarait d’ailleurs peu après : « Je serai le Président de tous les engagements »

Par quelles armes secrètes, le président Hollande fut-il vaincu après quelques escarmouches seulement et dut se livrer, pieds et poings liés, à son irréductible adversaire nommée La Finance

Enfin, avant-même les premières années du siècle qui hébergea notre jeunesse, quelle puissance démoniaque ôta la vie au président Faure alors que, le corps tendu vers Dieu, il allait en recueillir la puissance divine sur les lieux du pouvoir suprême? Ce bien triste épisode («Mourir dans l’épectase») a jadis  été relaté méthodiquement par un confrère volontiers cancanant.

L’élection présidentielle de 1848, organisée pour désigner le président de la Deuxième République française, après la chute de Louis-Philippe,  s’est conclue par la victoire écrasante de Louis-Napoléon Bonaparte, élu au premier tour au suffrage universel masculin pour un mandat de quatre ans, non renouvelable, ce qui conduira en 1851 Louis-Napoléon à se maintenir au pouvoir par un coup d’état ,comme le fit son tonton un demi-siècle plus tôt.

Dans presque tous les départements, les Français ont voté plus pour une légende que pour un nom (En Saône-et-Loire, son département d’origine, Lamartine obtient 1501 voix contre 27121 à Bonaparte et dans l’Yonne, Bonaparte alias  Badinguet (*) rassemble plus de 74 % des voix. Il est vrai que le candidat avait promis aux Icaunais de conserver  l’Yonne comme département de représentation, une promesse aussitôt oubliée après la victoire, à l’origine de quelques manifestations hostiles par la suite.l’Yonne comme département de représentation , une promesse aussitôt oubliée après la victoire , à l’origine de  quelques manifestations hostiles par la suite.

          (*) Après ses deux tentatives de coups d’État,le prince Bonaparte est retenu prisonnier avec quelques complices au fort militaire de Ham (Somme) Sa condamnation à perpétuité avec des conditions relativement confortables a pour but de le faire oublier définitivement des Français, mais par ses attaques contre le régime en place, ses articles de presse, ses écrits  comme « De l’extinction du paupérisme » ) qui  le font classer à gauche, ses réceptions dans ses appartements du fort, il fait de sa détention une formidable tribune politique. A l‘ombre des barreaux, le dandy londonien est devenu le héros de la classe ouvrière.

          Le 25 mai 1846, une nouvelle tentative d’évasion, au moins aussi foireuse que les précédentes, est cependant couronnée de succès. Louis Napoléon avait remarqué qu’un maçon employé aux  travaux en cours dans le fort passait fréquemment le  poste de garde dans l’indifférence absolue des sentinelles, en portant des planches sur l’épaule qui lui masquaient le visage. Il suffisait donc d’un déguisement, pensa Louis-Napoléon, pour devenir l’ouvrier-maçon du nom d’Alfred Pinguet, dit Badinguet, de franchir le poste de garde et de débarquer en Angleterre dès le lendemain. Mission réussie ! Il ne reste plus qu’à attendre la chute de Louis-Philippe, de se faire élire sans même faire acte de candidature….et de traîner jusqu’à la tombe les affreux sobriquets de Badinguet…..et Badinguette pour l’impératrice Eugénie !

En 1849, malgré les turbulences économiques, politiques et électorales, le premier tronçon de la future ligne P. L.M. (Paris-Lyon-Marseille) est opérationnel, avec sa gare de Tonnerre, toute neuve, œuvre de l’architecte de la compagnie François-Alexis Cendrier.

Mais les conditions sanitaires sont désastreuses, Les terrassiers immigrés italiens et les poseurs de voies sont logés dans des cabanes sans installations sanitaires et sans eau courante et potable. Un vrai bouillon de culture  pour le bacille Vibrio cholerae qui prospérait sur tout le chantier, tuant finalement 132 personnes.

Devant l’impossibilité d’organiser l’inauguration dans ces conditions, les services de la Présidence optèrent pour  une mesure radicale : la délocalisation !! Et c’est ainsi que le 9 septembre 1849, en présence du Président de la République, des préfet et sous-préfets de l’Yonne, de l’archevêque  Mgr Mellon de Jolly, des conseillers généraux, etc…. on inaugura la gare de Tonnerre ……à Sens !.

 Après un copieux banquet aux frais des Sénonais, un discours interminable de plus de deux heures de Mgr de Jolly dans lequel il remercia Dieu d’avoir guidé le génie humain au cours des grandes découvertes comme le chloroforme ou les propriétés étonnantes du haschich, après les embrassades, baise-mains et autres adieux touchants, le luxueux train présidentiel repart pour la capitale. Il est alors dix-huit heures,

Le lendemain, Bonaparte fera envoyer 1500 francs-or au maire de Tonnerre pour les soins aux victimes et la compagnie de chemin de fer 2000 francs pour sa part de responsabilité.

Dans l’espoir d’avoir réussi à vous convaincre que le premier  Président de la République Française était bien plus malin que le dernier en date pour esquiver les casserolades,…

                                         Et  à  Charny ? 

« Nous, soussigné, certifions que la veuve Moreau ayant succombé aujourd’hui à deux heures de l’après-midi à une attaque de choléra, il est urgent de procéder promptement à son inhumation,  attendu la décomposition du cadavre.

  A Charny, le 22 juillet 1849; Cretté, médecin

C’est le texte du constat de décès de la première victime du choléra à Charny en 1849. Jusqu’au 3 novembre 1849, le bacille cholérique tuera 33 Charnycois dont six enfants de moins de dix ans. Parmi ceux-ci, figure Marguerite Capeline, 5 ans, nièce du  second médecin de Charny, le  docteur Ballivet. Les pluies d’automne revenues, la chaleur excessive et la sécheresse terminées, l’épidémie prit fin naturellement, après avoir fait une dernière victime, en la personne de  Mme Basile Godeau, mère de famille de 40 ans

El Moro       

                                                                            

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